Dans une avancée législative significative, le Burkina Faso a adopté un projet de loi indiquant l’abandon du français en tant que langue officielle du pays. L’annonce a été faite par le ministre de la Justice Edasso Rodrigue Bayala à la suite de la réunion du Conseil des ministres mercredi 6 decembre 2023.
Selon la nouvelle loi, bien que le français ne conserve plus son statut précédent de langue officielle, il continuera de servir de langue de travail à des fins administratives et restera une partie du programme scolaire.
« Dans ce projet de texte, les langues nationales sont institutionnalisées en tant que langues officielles, et le français reste une langue de travail », a expliqué le ministre Bayala, mettant en lumière le changement de politique linguistique du gouvernement.
Cette décision fait suite à la résiliation en août par le pays des accords de double imposition avec la France. La résiliation de ces accords a marqué une étape importante, et la nouvelle politique linguistique, entrée en vigueur en octobre 2023, souligne davantage la volonté du Burkina Faso de prendre une position plus indépendante.
Il est à noter que le Burkina Faso avait déjà rompu les accords militaires avec la France, exigeant et obtenant le retrait de l’ambassade française et des troupes. Ces actions reflètent l’engagement du gouvernement à redéfinir ses relations et à affirmer sa souveraineté.
Le changement de politique linguistique devrait avoir des implications pour divers secteurs, notamment l’éducation, l’administration et les affaires diplomatiques. Bien que le français reste essentiel au fonctionnement du gouvernement et des institutions, l’orientation vers la reconnaissance des langues nationales en tant que langues officielles reflète un effort plus large pour embrasser la diversité linguistique au sein du pays.
Il est important de noter que, comme de nombreux pays africains, le Burkina Faso abrite une riche diversité linguistique, les langues nationales jouant un rôle crucial dans l’identité culturelle de sa population. L’institutionnalisation de ces langues souligne la reconnaissance par le gouvernement de l’importance de la diversité linguistique dans le discours national.
Alors que le Burkina Faso franchit ces étapes audacieuses vers l’autonomie linguistique grace a ses nouveaux dirigeants, il sera intéressant d’observer comment la nouvelle politique linguistique influencera divers aspects de la société et de la gouvernance. La décision de conserver le français en tant que langue de travail reflète une approche pragmatique, reconnaissant l’importance de la langue dans les affaires internationales et le commerce, tout en assurant un rôle plus important aux langues nationales dans le discours officiel.
Mady CAMARA Correspondant à Dakar