Dans une décision cruciale, le juge Ousmane Thior du Tribunal de Dakar vient de statuer en faveur de la réintégration d’Ousmane Sonko dans le registre électoral, permettant ainsi au leader de l’opposition de participer aux élections présidentielles de 2024. Ce verdict fait suite aux récentes délibérations au Tribunal de Dakar, qui se sont concentrées sur l’inclusion de Sonko dans les listes électorales cruciales pour sa candidature aux élections présidentielles de février 2024.
La salle d’audience à Dakar était tendue aujourd’hui alors que la justice délibérait sur la possible réintégration d’Ousmane Sonko dans les listes électorales, une décision d’une importance capitale pour sa participation à la présidentielle de février.
Le mois dernier, la Cour suprême a annulé un jugement antérieur, annulant ainsi la radiation de Sonko des listes électorales suite à une condamnation à deux ans de prison en juin pour une affaire de mœurs. Les délibérations judiciaires d’aujourd’hui ont été marquées par des débats intenses sur des allégations d’abus de pouvoir par des agents de l’État, avec une mise en garde contre une menace potentielle pour la démocratie.
La défense, composée de 35 avocats, a critiqué le président en exercice, Macky Sall, l’accusant de cibler injustement Sonko en raison de son opposition à un troisième mandat présidentiel. Diverses irrégularités procédurales dans la radiation de Sonko des listes électorales ont été soulevées lors des délibérations, remettant en question la notification tardive et l’absence d’avis publics requis. La défense a également critiqué le ministre de la Justice, Ismaela Madior Fall, le qualifiant d' »analphabète en droit » pour avoir discuté de la radiation de Sonko à la télévision avant
qu’elle ne devienne effective. La tension en salle a atteint son paroxysme lorsque la défense, non informée d’un changement de salle d’audience, a brièvement suspendu les délibérations.
L’issue de cette affaire a des implications significatives pour le paysage politique sénégalais. Ousmane Sonko, précédemment radié des listes électorales en raison d’une condamnation pour corruption en juin, affirme constamment que ces accusations font partie d’un complot visant à l’écarter de la course présidentielle. L’inéligibilité du leader de l’opposition, si elle est confirmée, entraînerait une bataille juridique prolongée entre les avocats de Sonko et l’État.
La décision de l’audience d’aujourd’hui est attendue avec impatience et pourrait potentiellement façonner l’avenir de la démocratie sénégalaise. Quel que soit le verdict, les deux parties ont la possibilité de faire appel dans un délai de dix jours. À mesure que la date limite du 26 décembre pour la candidature présidentielle approche, le temps presse pour Ousmane Sonko.
Cette affaire a déjà déclenché des manifestations parmi les partisans de Sonko, certaines ayant été réprimées violemment avec des pertes humaines. L’issue de cette audience est donc d’une importance capitale et pourrait représenter un tournant significatif dans le paysage politique du Sénégal, transcendant le cadre juridique pour devenir un enjeu politique majeur dans le pays.
Mady CAMARA, correspondant à Dakar