Plus d’une dizaine de membres de la Plateforme Nationale des Acteurs pour une Justice Climatique (PNA-JC) et leurs partenaires allemands de la Fondation Rosa Luxembourg Stiftung, ont séjourné du 28 octobre au 1er novembre 2024 à Kédougou. Chacune des 14 régions du Sénégal étaient représentées à cette rencontre de partage en plus de ceux de certains pays de la Sous-région comme le Mali, la Gambie, la Guinée et l’Afrique du Sud. L’objectif est de discuter sur la justice climatique et de transmettre les conclusions de cette rencontre aux autorités sénégalaises et allemandes. Dans un premier temps, il a été question de faire l’état des lieux de ladite Plateforme, puis de faire un panel sur les opportunités et défis de la transition climatique en Afrique.
C’est dans ce sens que le Coordonnateur de la PNA-JC Cheikh Fadel Wade a indiqué que la présence de la délégation à Kédougou est une façon de s’enquérir de la situation des communautés à travers l’école climatique pour parler dit-il, de l’injustice climatique que subissent les communautés africaines. « Ce sont les pays du Nord qui nous mettent dans cette situation aujourd’hui. Donc si nous faisons le constat, l’Afrique est le continent qui paie le plus lourd tribut. C’est pourquoi nous avons mis en place cette plateforme pour une justice climatique pour des réparations. Là, nous allons faire des propositions et les soumettre à l’Etat qui doit prendre des mesures pour les solutionner » a laissé entendre M. Wade. Selon lui, les populations de Kédougou vivent dans le paradoxe après toutes les ressources minières notamment l’or qui y provient, mais qui n’en bénéficie rien. Il s’est surtout prononcé sur les conditions de vie difficiles des bassari et des bedick qui affirme-t-il, sont impactés par le changement climatique alors qu’ils ne sont pas auteurs de ce phénomène. « Nous avons visité le site d’orpaillage de Bantaco où l’environnement est complètement dévasté alors que ces orpailleurs pouvaient être mieux encadrés pour tirer profit de leurs activités » a poursuivi le Coordonnateur de PNA-JC.
C’est dans cette optique que le Coordonnateur d’une thématique au niveau de la Fondation Rosa Luxembourg, Ibrahima Fall « la justice climatique et environnementale » a martelé que la question de la justice climatique est transversale même s’il est vrai que l’Afrique pollue moins et que malheureusement est en train de subir les conséquences de cette problématique. De son avis, il est important de savoir aujourd’hui, qui polluent et quelles sont leurs responsabilités.
Venu du Mali, pays voisin, Mahamadou Diarra, président d’une organisation partenaire de la Fondation Rosa Luxembourg au Mali, soutient qu’il travaille dans la protection de la forêt dans son pays et en lien avec le changement climatique. Il a fait savoir qu’il est à l’école du climat de Kédougou pour comprendre le phénomène de la pollution de l’eau et de l’orpaillage avec ses conséquences désastreuses sur l’environnement à Kédougou et au Sénégal de façon générale. M.Diarra suggère une organisation des membres de la plateforme afin d’essayer de situer les responsabilités et de ne pas toujours pointer du doigt les autres.
Quid du partenariat entre la PNA-JC et la Fondation allemande Rosa Luxembourg dans la justice climatique ?
Pour parler du rôle des partenaires, Benjamin Beutler, Conseiller politique de la gauche en Allemagne, s’est prononcé sur la justice climatique en prenant l’exemple de son pays, l’Allemagne, qui se développe en grande partie avec des énergies fossiles. Il a informé qu’aujourd’hui le gaz sénégalais intéresse l’Allemagne c’est pourquoi dixit Beutler, que son pays a choisi le Sénégal comme partenaire en mettant en exergue l’énergie. « L’Allemagne a besoin du gaz à cause de la guerre entre la Russie et l’Ukraine » a-t-il dit.
Le directeur sous régional Afrique de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxembourg, Claus Dieter König, a abondé dans le sens pour évoquer leur soutien à la Plateforme nationale des acteurs pour une justice climatique depuis son existence. « Pour ce qui concerne la justice climatique, on peut dire que c’est un enjeu international. Nous les allemands, nous avons une dette historique au Sénégal et dans tous les pays de l’Afrique parce que historiquement, c’est nous qui avons causé cette catastrophe climatique qu’on voit maintenant partout dans le monde. Ici au Sénégal, c’est l’érosion côtière, c’est le changement de la pluviométrie. Ça vaut dire qu’on va travailler avec les locaux et aussi transférer en Allemagne les problèmes que notre mode de vie cause au Sénégal et en Afrique, je veux dire les effets de comment nous exploitons le charbon, Comment nous circulons avec les voitures, on utilise trop les avions, l’industrialisation entre autres. Donc il va falloir qu’on transmette ces informations aux allemands. Et leur dire qu’ils ont une dette qu’ils doivent payer au Sénégal en soutenant la politique de la souveraineté économique du nouveau gouvernement et qui veut développer une économie qui peut assurer une vie aisée à toute la population. Alors tout cela en se basant sur l’exploitation du pétrole ou du gaz mais malheureusement, il y’a des effets négatifs et problématiques derrière. Le Sénégal pourra faire face à cette situation mais seulement avec un soutien fort des pays comme l’Allemagne qui sera dans l’obligation de payer ses dettes envers le Sénégal » a fait comprendre M. König.
Le point focal régional de la plateforme nationale des acteurs pour une justice climatique à Kédougou, Cheikhou Samoura, a salué la délocalisation de cette rencontre à Kédougou qui a permis aux uns et aux autres de connaître la réalité du le changement climatique dans cette partie du Sénégal. En définitive, un rapport de cette rencontre sera transmis aux autorités du pays afin de prendre en charge les préoccupations sociales et climatiques des populations de la région de Kédougou.