L’armée israélienne progresse toujours ce 5 novembre dans la bande de Gaza, où une nouvelle frappe a fait des dizaines de morts dans un camp de réfugiés samedi soir, malgré les appels au cessez-le-feu et le désespoir des civils palestiniens après 30 jours de guerre. Ce dimanche matin, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas.
Israël coupe à nouveau internet et les communications téléphoniques dans la bande de Gaza
Les lignes téléphoniques et d’internet dans la bande de Gaza ont été coupées, dimanche 5 novembre dans la soirée par Israël, pour la troisième fois depuis le début de la guerre le 7 octobre, a annoncé l’opérateur palestinien Paltel. « Nous avons le regret d’annoncer la coupure totale des communications et des services internet à Gaza après que la partie israélienne a débranché les serveurs », a indiqué Paltel dans un communiqué.
« À Gaza, les bombardements sont partout. On pourrait presque croire qu’on pourrait s’y habituer »
Ce dimanche 5 novembre, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a sanctionné l’un de ses ministres issu de l’extrême droite, Amichay Eliyahu, un ultranationaliste qui disait envisager de « lâcher une bombe nucléaire sur Gaza » et qui expliquait « ne pas être satisfait par l’ampleur des représailles israéliennes ». Le chef du gouvernement, lui, a déclaré que « l’armée israélienne s’efforce d’épargner les civils ». À Gaza, c’est pourtant un véritable massacre que vit la population. Témoignage recueilli par Sami Boukhelifa depuis Jérusalem.
« À Gaza, comme tous les jours, on se réveille et on fait face aux mauvaises nouvelles », dit Assiya qui vit dans le centre de l’enclave. Elle explique : « Les bombardements sont partout. On les entend tout autour de nous. Les frappes sont très proches. On pourrait presque croire qu’on pourrait s’y habituer. Mais non en fait. Ce matin, on s’est réveillés, et on a appris qu’un nouveau génocide avait été commis au camp de Jabaliya. Des membres de ma famille sont décédés. »
« Je suis allée vers l’hôpital Al Shifa. On m’a dit que sur place, je trouverais des voitures pour nous conduire vers le sud. J’y suis allée avec mon fils, mais je n’ai rien trouvé. On a attendu une heure, il n’y avait pas de voiture. Ensuite, j’ai croisé des gens qui avaient déjà tenté d’aller vers le sud. Je leur ai demandé l’état de la route, et ils m’ont dit que tout était fermé, bloqué. Je n’ai pas voulu prendre de risque. J’ai peur. »
Dimanche, l’armée israélienne explique avoir ouvert un couloir humanitaire de 10h00 à 14h00, pour permettre aux habitants du nord de Gaza de fuir vers le sud.
Antony Blinken maintient la volonté américaine d’une « solution à deux États »
Dans un message posté sur X (ex-Twitter), le secrétaire d’État américain Antony Blinken a salué sa rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Cisjordanie dimanche :
« J’ai rencontré le président Abbas et nous avons affirmé notre engagement en faveur de la fourniture d’aide humanitaire et du rétablissement des services essentiels à Gaza. Nous avons clairement indiqué que la violence extrémiste contre les Palestiniens en Cisjordanie doit cesser et nous avons réitéré notre soutien à une solution à deux États. »
Le ministre de l’Économie allemand prend une position forte contre l’antisémitisme
L’attaque du Hamas sur Israël, suivie d’un bombardement incessant sur Gaza, mettent à mal le traditionnel soutien inconditionnel de l’Allemagne à l’État hébreu. Sur le dossier, le ministre de l’Économie, Robert Habeck, prend une carrure d’homme d’État, après la publication d’une vidéo de 10 minutes dans laquelle il dénonce toute forme d’antisémitisme. Une avalanche de louanges à laquelle il ne s’attendait pas, explique le correspondante de RFI à Berlin, Nathalie Versieux.
La vidéo de Robert Habeck, visionnée 10 millions de fois, donne au ministre de l’Économie une stature de chancelier potentiel. De l’opposition conservatrice à la communauté juive, les commentaires sont unanimes : c’est Robert Habeck et non le chancelier ou la ministre des Affaires étrangères, qui a trouvé le ton juste pour dénoncer une nouvelle poussée d’antisémitisme dans le pays de l’Holocauste.
Le ministre critique le discours « les crimes du Hamas sont horribles, mais Israël… », qui se répand dans le pays depuis trois semaines. Et de fait, sous la poussée de l’opinion choquée par les bombardements sur Gaza et sous la pression d’une communauté de 200 000 Palestiniens dans le pays, le soutien inconditionnel à Israël semble fléchir.
Un exemple: si la France reproche à Berlin de ne pas avoir voté pour une résolution des Nations unies demandant une trêve humanitaire dans les bombardements, on reproche plutôt dans le pays au gouvernement de s’être abstenu, plutôt que de voter contre cette résolution aux côtés de l’Autriche, la Roumanie ou la Croatie.
Source/RFI